De nouveaux passeports pourraient bientôt apparaître au Turkménistan : que sait-on d’eux

Au Turkménistan, les autorités envisagent de délivrer et de mettre en service dans un avenir proche de nouveaux types de passeports citoyens. À cette fin, le 21 octobre 2023, lors d’une réunion du Cabinet des ministres, le Président Serdar Berdimuhamedov a approuvé une nouvelle version et une nouvelle description du passeport d’un citoyen turkmène, la procédure de son enregistrement et de sa délivrance, ainsi que les règles et procédure de l’utilisation. Il est prévu que dans les nouveaux « Pasport », la colonne « nationalité », qui classe une personne comme appartenant à n’importe quel groupe ethnique, soit supprimée. Cela a été rapporté dans un article de Radio Azatlyk citant une source bien informée du ministère de l’Intérieur.

Les représentants des minorités nationales ont déjà exprimé l’opinion que l’indication de la nationalité sur un passeport turkmène « lie » le titulaire à un groupe ethnique, ce qui devient par la suite un instrument de discrimination tacite. Ainsi, la colonne « citoyenneté » du passeport suffit à déterminer la « nationalité ».

Il est à noter que les projets visant à mettre en circulation un nouveau type de passeport n’ont été annoncés nulle part. Le rideau ne s’est ouvert qu’après que cette décision ait été prise. La raison pour laquelle il a été nécessaire d’introduire de nouveaux échantillons et à quoi ressemblera leur format modifié n’est pas non plus claire. Ce n’est pas la première fois que les autorités ne voient pas la nécessité de prendre en compte les opinions des citoyens, de prendre en compte les intérêts de la population ou de les informer de leurs projets futurs.

Les médias indépendants ont déjà soulevé la question des problèmes des minorités ethniques au Turkménistan : combien il est difficile d’obtenir un passeport, de trouver un emploi, d’entrer dans un établissement d’enseignement… Le Turkménistan a affirmé qu’il « condamne la discrimination raciale et poursuit constamment une politique de compréhension mutuelle entre peuples », mais à cet égard, il a systématiquement mené une politique de « turkménisation », obligeant les représentants des minorités ethniques à indiquer dans les documents qu’une personne est un « Turkmène ».

Des représentants de nationalités telles que les Baloutches, les Tatars, les Russes, les Arméniens, les Kazakhs et les Ouzbeks vivent désormais au Turkménistan. Selon la délégation turkmène, dans le rapport sur la mise en œuvre des dispositions de la Convention internationale sur l’élimination de la discrimination raciale, lors d’une session au siège de l’ONU à Genève les 21 et 22 août, 14 % de la population (un nombre total de plus plus de 7 millions de personnes) sont des représentants de minorités ethniques, soit plus de 936 000 personnes. Beaucoup d’entre eux, dans un contexte de baisse du niveau de vie dû à une crise économique prolongée et à des restrictions des libertés, quittent le Turkménistan et continuent de rentrer chez eux.

Rappelons que le militant des droits de l’homme Mansur Mingelov a payé de sa liberté sa position active en faveur de la protection de la minorité ethnique baloutche. En 2012, il a été condamné à 22 ans de prison pour une série d’accusations qui, selon lui et ses partisans, étaient politiquement motivées. Et les parents âgés de Mingelov et d’autres membres de la famille du militant des droits humains, qui est dans un état grave à cause de la maladie, sont expulsés de leur domicile.