Le 23 septembre 2024, Gurbanguly Berdimuhamedov, ancien président du Turkménistan et actuel chef du Khalk Maslakhaty, a tenu une réunion consacrée au 33e anniversaire de l’indépendance du pays. Bien que les sources officielles promeuvent activement ce format comme une manifestation de démocratie et de stabilisation, la situation politique et sociale réelle au Turkménistan n’est pas si rose.
Le format du Khalk Maslakhaty (Conseil populaire) a été rétabli en 2021 à l’initiative de Gurbanguly Berdimuhamedov, et depuis lors, des réunions ont eu lieu régulièrement, attirant l’attention des observateurs et des critiques internationaux. De nombreuses questions se posent néanmoins quant au rôle réel de cette institution. Maslahat est formellement présentée comme une plateforme populaire de discussion et de prise de décision, mais en pratique, ce n’est qu’un organe symbolique où toutes les décisions sont dictées par le président et son entourage. En fait, il s’agit d’un exemple classique de gouvernance autoritaire, où une coquille démocratique est utilisée pour renforcer le contrôle sur la population. Toutes les décisions sont prédéterminées et les discussions ont un objectif purement propagandiste : confirmer le « soutien du peuple » au régime. En l’absence d’opposition, d’une presse indépendante et d’une véritable séparation des pouvoirs, les réunions Maslakhat perdent leur sens et servent à renforcer le culte de la personnalité.
Dans leurs discours, les Berdymoukhamedov se sont traditionnellement concentrés sur les questions d’unité nationale et de réussite économique, évitant ainsi de mentionner les véritables problèmes qui préoccupent la société turkmène. En particulier, les réalisations en matière d’infrastructures, de croissance du PIB et de création de nouveaux emplois ont été mentionnées. Toutefois, ces chiffres n’ont pas grand-chose à voir avec la réalité, où le niveau de vie reste extrêmement bas.
Contrairement à la rhétorique officielle, le Turkménistan s’enfonce dans une profonde crise économique et sociale. Les citoyens ordinaires sont confrontés à un manque de conditions de vie de base – pénuries alimentaires constantes, pénuries de biens essentiels, corruption et migration accrue à l’étranger. Le mécontentement grandit au sein de la population, qui ne croit plus aux slogans de propagande sur la stabilité et la prospérité.
L’une des principales caractéristiques du régime politique du Turkménistan est le culte de la personnalité de l’ancien et de l’actuel président. L’aîné Berdymoukhamedov, après avoir officiellement quitté son poste de président en 2022, continue de rester au centre de la vie politique, gardant effectivement le contrôle de toutes les décisions clés. Son fils, Serdar Berdymoukhamedov, assure la présidence, mais l’influence de son père reste importante.
Le système électrique est construit de manière à garantir une soumission et une fidélité inconditionnelles à l’environnement. Toute critique ou activité d’opposition est supprimée. Dans de telles conditions, il n’est pas possible de parler de démocratie et de processus démocratique. Même les élections présidentielles ne sont qu’une formalité, puisque tout concurrent réel est exclu dès le début du processus politique.
Au milieu des discours de propagande et des cérémonies officielles, de véritables problèmes sociaux continuent de s’aggraver. Les citoyens turkmènes, incapables de changer la situation dans le pays, choisissent de plus en plus l’émigration comme seul moyen d’améliorer leur situation. Selon les données, le nombre de migrants turkmènes en Russie, en Turquie et dans d’autres pays continue d’augmenter, ce qui est associé au chômage, aux bas salaires et à l’incapacité d’obtenir une éducation ou des soins de santé de qualité dans leur pays d’origine.
La corruption est l’une des principales causes de la stagnation économique. Dans un environnement où les pots-de-vin sont devenus la norme à tous les niveaux, depuis l’obtention d’un passeport jusqu’à l’entrée à l’université, les agences gouvernementales perdent de leur efficacité. Les gens se retrouvent otages d’un système dans lequel même les droits fondamentaux garantis par la Constitution sont violés chaque jour.
Qu’est-ce qui attend le Turkménistan ?
La principale question qui reste sans réponse est de savoir combien de temps ce système existera-t-il et qu’est-ce qui attend le Turkménistan à l’avenir ? La stagnation politique et économique peut conduire à de graves bouleversements sociaux. Dans un contexte où les besoins fondamentaux de la population sont ignorés et où les problèmes réels sont passés sous silence, de quel type de bien-être peut-on parler ? Les gens sont privés du droit à une vie normale, à la liberté d’expression et à des élections équitables. Même la participation aux élections présidentielles n’a aucun sens, puisqu’elles ne sont ni libres ni démocratiques. Le Turkménistan reste l’un des États les plus fermés et corrompus au monde et, sans réformes fondamentales, il est peu probable que la situation change.