Le Turkménistan intensifie la répression contre les militants

Ces dernières années, le Turkménistan a intensifié la répression contre les militants politiques, en particulier ceux qui ont fui le pays et cherché refuge dans d’autres États. Le régime dirigé par Gurbanguly Berdimuhamedov a commencé à mener des opérations spéciales à grande échelle à l’étranger visant à kidnapper et à renvoyer de force ses détracteurs et ses opposants au Turkménistan. Ces actions, couvertes par des accusations de terrorisme, de liens avec des structures criminelles, de trafic de drogue et de tentatives de renversement du gouvernement, font partie de la stratégie du régime visant à réprimer toute dissidence. En témoignent de nombreux entretiens publiés avec des militants des droits humains et des réfugiés, dans des rapports d’organisations de défense des droits humains telles qu’Amnesty International, ainsi que dans des rapports sur les violations des droits humains au Turkménistan.

Affaire Farhad Meymankuliev et autres

L’un des cas les plus médiatisés a été l’enlèvement en août 2023 de Farhad Meymankuliev, un militant critique du gouvernement turkmène. Meymankuliev se trouvait dans un camp de déportation en Turquie, où il attendait que son dossier d’asile politique soit examiné. Cependant, contrairement aux normes et procédures internationales, il a été kidnappé et secrètement amené au Turkménistan. Selon des défenseurs des droits de l’homme, les services spéciaux du Turkménistan ont falsifié des documents et ont convenu avec les autorités turques d’expulser Meymankuliev sous prétexte de lutter contre le terrorisme. Immédiatement après son expulsion, Meymankuliev a été torturé et on ne sait rien de son sort ultérieur. Ce cas montre comment le Turkménistan, en collaboration avec des États autoritaires, utilise la répression au-delà de ses frontières pour réprimer l’opposition.
L’enlèvement de Meymankuliev n’est pas un incident isolé. Ainsi, début août 2024, Merdan Moukhamedov a été arrêté et expulsé. Les autorités turques lui ont refusé le droit à la défense, l’ont privé de l’accès à un avocat et l’ont rapidement extradé vers le Turkménistan. Le sort de Moukhamedov reste inconnu, ce qui suscite de sérieuses inquiétudes quant à sa sécurité. Cette affaire n’est également que le dernier épisode d’une chaîne d’expulsions forcées de militants turkmènes.
D’autres militants tels que Perhat Genjiev, Rovshan Klichev et bien d’autres ont également été expulsés de Turquie après avoir critiqué le gouvernement turkmène. On ne sait toujours pas où se trouvent ces citoyens ; leurs proches et leurs avocats n’ont pas accès aux informations sur leur sort. Au Turkménistan, ces personnes sont généralement condamnées à de longues peines de prison et les avocats ne sont pas autorisés à défendre les droits des accusés. Il est presque impossible de protéger leurs droits dans le pays et à l’étranger, les critiques des autorités risquent d’être victimes d’affaires pénales falsifiées dans lesquelles ils sont expulsés de force vers leur pays d’origine.

Opérations spéciales du Turkménistan en Turquie

Au cours des dernières années, le Turkménistan a intensifié ses opérations spéciales en Turquie, visant à capturer et à renvoyer de force des opposants et des militants civils. Ces opérations sont menées en étroite coopération avec les autorités turques et se déroulent à huis clos, ce qui prive les personnes enlevées de la possibilité de protéger leurs droits. Le plus intéressant est que les autorités turques ne vérifient pas correctement les accusations déposées par le Turkménistan, ce qui conduit à l’expulsion immédiate des personnes vers leur pays d’origine. Les militants des droits de l’homme affirment que la Turquie envoie effectivement des militants à la mort en ne leur accordant pas le droit à la défense et en violant les normes internationales des droits de l’homme.
Les personnes arrêtées dans le cadre de ces opérations sont généralement accusées de crimes sans preuve, après quoi elles sont secrètement transportées au Turkménistan. Après leur expulsion, les personnes arrêtées sont généralement confrontées à des tortures cruelles et à des conditions de détention inhumaines. Les organisations de défense des droits humains ont dénoncé à plusieurs reprises des violations des droits humains dans de tels cas, mais le régime de Berdymoukhamedov continue d’utiliser ces méthodes pour se maintenir au pouvoir.

Réaction internationale

Les actions du Turkménistan sont condamnées par la communauté internationale et les organisations de défense des droits de l’homme. Cependant, malgré l’écho et les allégations de violations des droits de l’homme, les États qui coopèrent avec le Turkménistan dans ces opérations ferment souvent les yeux sur ce qui se passe. Cela crée un dangereux précédent grâce auquel les régimes autoritaires peuvent librement persécuter leurs opposants à l’étranger. Et le plus intéressant est que le Turkménistan continue de renforcer sa politique répressive, ce qui nécessite une réponse plus ferme et plus cohérente de la part de la communauté internationale. De telles actions violent non seulement les normes internationales, mais créent également une atmosphère de peur et d’insécurité pour tous ceux qui s’opposent au gouvernement.