Comment la Russie contourne les sanctions : un faux système de transit pour des milliards de dollars de marchandises occidentales

Les entreprises occidentales continuent, sans le savoir, de fournir à la Russie des marchandises d’une valeur de plusieurs milliards de dollars, malgré les sanctions en vigueur. Cela se produit grâce à un système de faux transit astucieux utilisé par les importateurs russes. L’essence de ce système est que les marchandises officiellement destinées aux pays d’Asie centrale ou à la Chine restent en réalité en Russie, grâce aux modifications des documents aux frontières de l’Union européenne.
Cela a été rapporté par les éditeurs d’Important Stories.

 

Comment fonctionne le faux système de transit ?

Le principal mécanisme est que les marchandises qui franchissent la frontière de l’UE sont enregistrées comme étant envoyées, par exemple, au Kazakhstan ou en Ouzbékistan. Cependant, en cours de route, le lieu de livraison change : les transporteurs, selon des sources, rayent littéralement la destination initialement spécifiée et indiquent des villes russes comme Moscou ou Saint-Pétersbourg. Ces modifications des documents permettent aux entreprises russes de recevoir des marchandises directement d’Europe via la Biélorussie, la Lettonie, l’Estonie ou la Finlande. Un exemple est le grand fournisseur russe de microélectronique Kvazar, qui fait l’objet de sanctions américaines depuis mai 2023. Cependant, l’entreprise continue de recevoir des marchandises, notamment des composants des sociétés américaines Texas Instruments et Analog Devices, en utilisant un faux système de transit. Ces composants sont d’abord envoyés en Chine ou à Hong Kong, mais finissent par arriver en Russie via Sheremetyevo.

Une partie importante des marchandises entrant en Russie appartient à la catégorie des produits sanctionnés. Il s’agit de biens à double usage pouvant être utilisés à la fois à des fins civiles et militaires. Ces produits comprennent l’électronique, les puces électroniques, les pièces industrielles et les logiciels. La plupart des produits sanctionnés proviennent de l’Union européenne et des États-Unis et, malgré des restrictions strictes, ils continuent d’affluer vers la Russie grâce à un faux système de transit et à des contrôles aux frontières insuffisants.

Selon une étude, des marchandises d’une valeur d’environ 5 milliards de dollars destinées aux pays d’Asie centrale ont atterri en Russie en 2023. Cela représente environ un tiers du volume total des marchandises envoyées dans cette région. Par exemple, la Finlande a envoyé une cargaison de puces au Kazakhstan, mais les données montrent qu’une partie importante de ces marchandises a abouti sur le marché russe. Une situation similaire est observée pour les marchandises expédiées via la Biélorussie.

 

Comment la Russie continue de contourner les sanctions

Les entreprises russes profitent activement des lacunes juridiques et des contrôles insuffisants aux frontières. Une façon de contourner les sanctions consiste à recourir à des pays tiers, comme le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et la Turquie, par lesquels les marchandises sanctionnées entrent en Russie. Ces pays manquent souvent de contrôles stricts en matière de transit et les entreprises occidentales ne savent peut-être pas que leurs produits finiront en Russie.

En outre, les importateurs russes utilisent de faux documents de transit pour prétendre que les marchandises sont expédiées vers des pays amis de la Russie. Par exemple, les marchandises peuvent être acheminées de l’Allemagne vers le Kazakhstan via la Russie, mais à la frontière russe, les marchandises sont déchargées et entrées sur le marché intérieur. Dans le même temps, les documents indiquent que les marchandises auraient transité par toute la Russie.

 

Pourquoi est-il difficile de gérer cela ?

Les pays occidentaux cherchent à renforcer les contrôles sur les exportations vers la Russie, mais sont confrontés à un certain nombre de problèmes. Premièrement, dans les pays par lesquels transitent les marchandises, les contrôles sont souvent faibles, voire inexistants. Deuxièmement, la logistique internationale est très complexe et il est extrêmement difficile de suivre chaque cargaison tout au long de la route allant de l’Europe à la Russie. Surtout lorsqu’il s’agit de plusieurs passages de frontières et de changements d’itinéraire.

De plus, certaines entreprises occidentales ignorent totalement que leurs marchandises aboutissent en Russie. Ils vendent souvent leurs produits par l’intermédiaire d’intermédiaires qui travaillent avec des pays tiers, et les véritables itinéraires et destinataires finaux restent cachés derrière des chaînes de contrats et de faux documents.

Ainsi, malgré les tentatives répétées de la communauté internationale pour bloquer l’approvisionnement en marchandises de la Russie, le faux système de transit reste un outil efficace pour contourner les sanctions. Les entreprises russes continuent de recevoir des biens essentiels, notamment des produits nécessaires aux industries militaire et technologique, tandis que les entreprises occidentales se retrouvent involontairement impliquées dans ce processus.

Cette situation suscite de sérieuses inquiétudes parmi les pays occidentaux, car l’absence de contrôle efficace sur le transit et le contournement des sanctions sapent leurs efforts pour faire pression sur la Russie. En conséquence, la Russie continue d’acquérir les technologies clés nécessaires au soutien de son économie et de ses capacités militaires. Cela nuit également au commerce international en créant des conditions de concurrence inégales pour les entreprises qui respectent strictement les sanctions et ne participent pas à de tels programmes.

Il est évident que pour lutter plus efficacement contre les faux transits, une coordination entre tous les pays impliqués dans les chaînes de transport est nécessaire, ainsi qu’un renforcement des contrôles aux frontières. Cependant, la situation reste actuellement complexe et nécessite de nouvelles approches pour résoudre ce problème.